Dans un contexte économique et sanitaire tendu, 2 entreprises dynamiques du Gesnois Bilurien tirent leur épingle du jeu : Charles Christ et Biodevas. Leurs dirigeants ont accordé un entretien « croisé » à Olivier Rodais, nouveau vice-président de la CC en charge du développement économique du territoire.
Olivier Rodais : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre entreprise ?
Charles Christ (pour la société Christ) : Mon arrière grand père a fondé l’entreprise en 1929 en Alsace. L’usine fut détruite pendant la guerre, et à son retour de déportation il n’a pas souhaité se réimplanter en Alsace. Après un essai infructueux en Bretagne dû au climat non propice à la lactofermentation du chou, il a décidé de venir s’implanter à Connerré en 1951 du fait de la proximité des halles de Paris et des maraîchers locaux. Mon grand père a repris l’entreprise en 1954 et l’a développée. Mon père a créé une entreprise en 1976 sur une gamme de produits concurrents et a ensuite racheté l’entreprise en 1997. En 2011 l’entreprise est vendue à la société Reitzel. En 2016 j’ai racheté l’entreprise afin de lui rendre son caractère familial.
François Blua (pour la société Biodevas) : Mon père et moi avons créé la société Biodevas suite à la reprise d’une société en redressement judiciaire en 2005. La société reprise était tournée vers les produits à usage humain et nous l’avons réorientée vers le secteur agricole aussi bien en filière biologique que conventionnelle. La société était déjà basée à Savigné l’Evêque et était composée de 4 collaborateurs. Notre métier est de créer des produits naturels pour éviter l’utilisation de pesticides ou d’antibiotiques pour l’élevage. A ce jour, après 4 extensions, nous comptons près de 40 collaborateurs.
Charles Christ : Faites-vous la conception et la fabrication sur le site de Savigné l’Evêque ?
François Blua : Tout à fait. Notre recherche et développement se fait sur le site de production. Nous disposons d’un laboratoire avec salle blanche. Nos 2 savoir-faire sont l’extraction de substances actives et le mélange de celles-ci suivant l’objectif ciblé.
OR : Quels sont aujourd’hui les atouts du territoire pour votre activité ?
CC : Nous achetons tous les ans 6 500 tonnes de choux cultivés à proximité. La qualité du sol Sarthois est favorable à la production de choux à choucroute. Notre filière se développe avec 15 producteurs sarthois dont 12 situés dans la Communauté de Communes du Gesnois Bilurien : Bruneau Claudy (producteur et technicien), Legendre Julien, Medard Michel, Yvon Daniel, Richard Frederic, Bourdin David, Crinière Didier, Pasquier Franck, Corbin Charly, Delangle Gael, Delangle Olivia, Tuffier Pascal.
FB : Le secteur nous est favorable grâce à la proximité de nos clients agriculteurs et principalement éleveur. Le réseau routier dense, les réserves foncières abordables, un écosystème dynamique et la proximité de Paris sont autant d’atouts supplémentaires. Nous travaillons beaucoup avec les filières locales de volailles telle que Les Fermiers de Loué ou Huttepain Aliments mais aussi Agrial pour les produits pour les vaches laitières. Nous travaillons également avec les artisans locaux dans les travaux en lien avec l’entretien de notre bâtiment par exemple.
OR : Comment traversez-vous la crise liée à la Covid ?
CC : Nous avons la chance de faire partie des entreprises privilégiées. Notre activité étant considérée essentielle car dite de première nécessité. Nous avons connu un arrêt de nos ventes lié à la restauration hors domicile mais elle a été compensée par d’autres circuits de distributions, tels que les grandes et moyennes surfaces, de ce fait notre activité est en hausse sur l’année 2020.Notre domaine d’activité impose des règles strictes d’hygiène et de désinfection en temps « normal ». Nous n’avons donc pas eu de grands bouleversements à ce niveau.
FB : De la même manière que pour la société Christ, compte tenu des normes sanitaires que nous suivons nous avions déjà tout le matériel de protection pour nos salariés. Nous avons rajouté des règles pour éviter les contacts entre salariés et nous n’avons pas eu à déplorer de cas. L’activité a subi une baisse des exports de mars à juin. Toutefois nous sommes globalement en croissance sur l’année.
OR : Pouvez-vous nous parlez de vos projets ?
CC : Nous venons de terminer la construction de 4 000 m2, l’investissement a été de 3,7 Millions d’euros. Nous avons uniquement fait appel à des entreprises Sarthoises. Ce bâtiment nous permet de travailler désormais sur un seul site au lieu de 2 depuis 1994. Les avantages sont importants en termes de flux : « marche en avant » des produits, fin des files d’attentes de camions dans la rue de Paris. Nous avons aussi engagé un plan de modernisation de 500 000 euros afin d’améliorer le confort de travail, la sécurité et la productivité des équipes de production.
FB : Nous préparons actuellement un projet d’extension pour accompagner notre croissance. Notre volonté est d’agrandir le site de Savigné l’Evêque à l’horizon 2022. Nous préparons des lancements de produits innovants sur nos marchés actuels de la nutrition animale et de la santé végétale et nous avons le projet de rentrer sur les marchés des ingrédients fonctionnels humains et petcare (chiens et chats) avec la création de gammes associées. Nous pensons créer une vingtaine d’emplois de tous profils d’ici 2025.
OR : Quels sont vos marchés ?
CC : Beaucoup de produits peuvent être mis en conserve, qu’elle soit en bocal ou en boîte, ce qui nous offre de nombreuses opportunités de croissance. Notre savoir-faire nous offre des opportunités. Nous préférons progresser sur le marché français avant de nous tourner vers l’export.
FB : Au-delà de la diversification des marchés, l’export représente pour nous une vraie source de croissance représentant en 2020 30% de notre chiffre d’affaire, nous avons pour objectif de franchir les 60% en 2025. Notre savoir-faire est aujourd’hui reconnu à l’étranger où les marchés sont parfois plus faciles à pénétrer que le marché national.
OR : Quelles sont vos actions en termes de développement durable ?
CC : C’est un sujet sur lequel nous n’avons pas pris l’habitude de communiquer et pourtant nous retraitons 100% de nos effluents qui sont ensuite méthanisés. Nous recyclons 100% de nos déchets. Notre réorganisation nous a permis de réduire notre empreinte carbone en réduisant les déplacements inutiles. Nous faisons aussi beaucoup d’effort pour favoriser des circuits courts. Une production de bocaux auparavant en Europe de l’Est a été déplacée au Portugal en concertation avec le fournisseur afin de réduire l’impact du transport. En 2019, nous avons aussi investi pour diminuer de 30% notre consommation de gaz.
FB : L’ADN de la société est de lutter contre les nuisances à l’environnement puisque nos produits permettent la réduction de l’utilisation de produits chimiques. Le projet d’extension doit nous permettre d’aller encore plus loin en termes de réduction de l’empreinte carbone ou de générer notre propre énergie grâce à des panneaux photovoltaïques.
OR : Pouvez-vous imaginer travailler ensemble ?
CC : J’ai souvent des demandes d’agriculteurs qui sont en recherche de solutions éviter l’utilisation de pesticides, je pense qu’il serait intéressant de travailler ensemble.
FB : Nous pourrions vous exposer notre savoir-faire.
Complément d’informations concernant la Société Charles Christ.
Page modifiée le 12 janvier 2022